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Nathacha Appanah
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"De là où je vous parle, ce pays ressemble à une poussière incandescente et je sais qu'il suffira d'un rien pour qu'il s'embrase."
Sur l'île française de Mayotte dans l'océan Indien, les enfants errent, sans foi ni loi. Moïse a été recueilli à la naissance par Marie, une infirmière, qui le couve comme un cadeau inespéré. Mais à l'adolescence, le garçon se lie avec Bruce, chef de gang animé par la rage, qui l'embarque dans l'enfer des rues. Dans ce pays magnifique et au bord du chaos, cinq destins vont se croiser et révéler la violence de leur quotidien.
Roman récompensé par 13 prix littéraires, dont Prix du roman France Télévisions, Prix Femina des Lycéens. -
"Se pourrait-il que, pendant que nous regardons ailleurs, le coeur lance ses lianes et continue à s'attacher, à aimer, à se languir ?"
Depuis la mort de son mari, Tara perd pied. Quelque chose se lève et gronde en elle comme une vague. C'est la résurgence d'une histoire étouffée, celle de la fille qu'elle a été, autrefois. Une fille avec un autre prénom, qui aimait rire et danser, qui croyait en l'éternelle enfance avant d'être rattrapée par les démons de son pays.
Un roman intime, sensuel et puissant sur une enfance volée, une fille "gâchée" qui aura le courage de se réinventer. -
« Il ne faut rien regretter parce qu'il faut bien que ça se termine, ce faux-semblant qu'est l'enfance, il faut bien que les masques soient retirés, les imposteurs démasqués, les abcès crevés, il faut bien en finir avec les belles paroles, les bons sentiments, les rêves doucereux, il faut bien, un jour, arracher à coups de dents sa place au monde. »
Loup, dix-sept ans, est désemparé depuis que sa soeur a fui le domicile familial. Quand un drame s'abat sur leur famille, tous tentent de renouer un lien abîmé. De quelle solitude, de quelle culpabilité enfouie leur vient cette difficulté à l'amour ? -
Le dernier frère
Nathacha Appanah
- Olivier (L')
- Bibliothèque de l'Olivier (FicFr)
- 17 Mai 2024
- 9782823622225
Lorsque David lui apparaît en rêve, Raj se retrouve projeté dans son enfance : une plantation de champs de canne, le père à la violence imprévisible, la tendresse de la mère, les jeux près de la rivière avec ses frères... Un bonheur précaire balayé par un cyclone, et l’installation de la famille au centre de l’île, près d’une prison où vivent de mystérieux réfugiés.
Le 26 décembre 1940, L’Atlantic accoste à Port-Louis avec, à son bord, quelque 1500 Juifs refoulés de Palestine et déportés à l’île Maurice, alors colonie britannique. À cette époque, Raj ignore tout du monde et des tragédies qui s’y déroulent. Au soir de sa vie, il est rattrapé par le souvenir de ces événements et par l’image de David, son ami, son dernier frère.
Nathacha Appanah est née à l’île Maurice et vit en France. Autrice d’une dizaine de romans, elle connaît un grand succès depuis la parution du Dernier frère (Éditions de l’Olivier, 2007), lauréat du prix du roman Fnac ou encore de Tropique de la violence (Gallimard, 2016), couronné par quatorze prix littéraires dont le Femina des lycéens. En 2023, elle a publié La Mémoire délavée au Mercure de France, dans la collection « Traits et portraits ». -
La mémoire délavée
Nathacha Appanah
- Mercure de France
- Traits et portraits
- 31 Août 2023
- 9782715260290
Ce poignant récit s'ouvre sur un vol d'étourneaux dont le murmure dans une langue secrète fait écho à toutes les migrations et surtout à celle d'aïeux, partis d'un village d'Inde en 1872 pour rejoindre l'île Maurice.
C'est alors le début d'une grande traversée de la mémoire, qui fait apparaître autant l'histoire collective des engagés indiens que l'histoire intime de la famille de Nathacha Appanah. Ces coolies venaient remplacer les esclaves noirs et étaient affublés d'un numéro en arrivant à Port-Louis, premier signe d'une terrible déshumanisation dont l'autrice décrit avec précision chaque détail. Mais le centre du livre est un magnifique hommage à son grand-père, dont la beauté et le courage éclairent ces pages, lui qui travaillait comme son propre père dans les champs de canne, respectant les traditions hindoues mais se sentant avant tout mauricien.
La grande délicatesse de Nathacha Appanah réside dans sa manière à la fois directe et pudique de raconter ses ancêtres mais aussi ses parents et sa propre enfance comme si la mémoire se délavait de génération en génération et que la responsabilité de l'écrivain était de la sauver, de la protéger. Elle signe ici l'un de ses plus beaux livres, essentiel. -
"Adam est debout, le visage collé à la petite fenêtre, les deux mains accrochées aux barreaux. Tout à l'heure, quand il a grimpé sur sa table pour atteindre l'ouverture, il s'est souvenu que les fenêtres en hauteur s'appellent des jours de souffrance. Adam attend l'aube, comme il attend sa sortie depuis quatre ans, cinq mois et treize jours. Il n'a pas dormi cette nuit, il a pensé à Anita, à Adèle, à toutes ces promesses non tenues, à ces dizaines de petites lâchetés qu'on sème derrière soi..."
Adam et Anita rêvaient de vivre de leur art - la peinture, l'écriture. Ils pensaient accomplir quelque chose d'unique, se forger un destin. Mais le quotidien, lentement, a délité leurs rêves jusqu'à ce qu'ils rencontrent Adèle qui rallume un feu dangereux.
En attendant demain est un roman qui raconte la jeunesse, la flamme puis la banalité, les mensonges et la folie d'un couple. -
Sur le mur, la robe est accrochée comme un tableau de chasse. Elle est belle, sans doute un peu sage mais, qu'importe, c'est le jour d'Anna. Aujourd'hui, 21 avril, je marie ma fille, je laisserai de côté mes pensées de vieille folle, je serai comme elle aime que je sois : digne, bien coiffée, bien maquillée, souriante, prête à des conversations que je suivrai avec un enthousiasme feint et qui ne me laisseront aucun souvenir, parée pour butiner d'invité en invitée, mère parfaite que je serai aujourd'hui. Je me cacherai pour inhaler mes Fumer Tue.
Je marie ma fille, aujourd'hui. Cette phrase bondit dans ma tête tandis que je la regarde dormir. J'ai quarante-deux ans et je marie ma fille aujourd'hui. J'ai soudain l'impression d'être sortie de mon corps, de flotter au-dessus d'Anna endormie et de moi-même, de regarder tout cela comme on regarde un film, de me dire que cela ne peut pas m'arriver, pas à moi. J'aurais souhaité être sage le jour du mariage de ma fille...
Pendant la noce d'Anna, sa mère se souvient. De la jeune femme qu'elle a été, si différente de sa fille aujourd'hui, de ses rêves, de ses espoirs, de ses envies ; parce qu'elle en a encore, des envies, cette femme célibataire qui marie sa fille... Pendant la noce, l'enfance d'Anna resurgit avec le souvenir du père, de l'absent, de l'inconnu... Et un autre bonheur pointe son nez dans la nuit. -
Avril 1892, Inde, colonie britannique. Des profondeurs du sous-continent, ils sont poussés vers l'océan. Un exilé volontaire et nostalgique sur les traces de son frère, un paysan meurtri par la misère et la domination des propriétaires terriens, une fascinante veuve au sang royal fuyant le bûcher, un candide joueur de cartes espérant trouver l'eldorado de l'autre côté de 'l'Eau noire'... Ils rejoignent une centaine d'autres Indiens entassés dans les cales de l'Atlas pour les vertiges mortels d'une traversée de plusieurs semaines vers une île qu'on leur promet merveilleuse et fertile. Tout bas, on leur raconte que sous les rochers de ce pays mystérieux et clément, sommeille l'or. Ils ne savent pas qu'ils vont remplacer les esclaves des champs et passer de la soute à la soue, entre le bleu du ciel et le vert de la canne à sucre.
Juin 1892, île Maurice, colonie britannique. Le drapeau est anglais, mais ce sont les Français, installés ici depuis deux siècles, qui font marcher les affaires. Ce matin-là, ce sont eux qui attendent les Indiens de l'Atlas. Les destinées vont se nouer entre rêves et douleurs, haines et désirs, dans le village de Poudre d'Or aux rochers défiant le ciel et la terre et les songes des hommes.
Le journal de bord du médecin ivre, la rencontre des Noirs libérés de l'esclavage et des Indiens déportés resteront des moments inoubliables de ce roman historique fondé sur des faits avérés, tant l'auteur a le don de faire voir et d'émouvoir. -
"Oh, je sais que Lili n'est pas vraiment là, que c'est mon esprit qui me "joue des tours" comme le dit le docteur C., mais pourquoi devrais-je arrêter ce réchauffement du corps, cet afflux de sang au cerveau, ce boum boum du coeur, ce fourmillement agréable dans les doigts, ce "ah te voilà" que je lui lance avec ma voix d'avant, ma voix claire de soeur ? Pourquoi devrais-je refuser cette vie-là, que les autres appellent délire, fantômes, hallucinations mais qui est ma version à moi du vivant, du présent, du palpable, du survivable ?"
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"Je me suis redressée brusquement et une goutte de sueur s'est échappée derrière mon oreille. Elle a suivi un moment la ligne de ma mâchoire, a glissé le long de mon cou pour trouver son chemin entre mes seins. Aujourd'hui encore, je la sens, cette trace première qui m'a marquée jusqu'au creux de mon ventre. Je regardais en silence ce garçon qui se tenait devant moi et tout ce que je sentais, c'était cette goutte de sel qui me caressait l'oreille, la mâchoire, le cou, la peau tendue entre les seins pour mourir dans mon nombril. J'ai eu l'impression stupide et pourtant si agréable que c'était son doigt qui descendait lentement, lentement..."
Maya a dix-neuf ans. Elle vit à Blue Bay, un village bordé -
Où vont ces milliers de choses qui semblent nous occuper tout entier, dont on est persuadé qu'elles vont déterminer le reste de nos jours et qui, soudain, disparaissent? Où vont ces émotions qui nous gonflent le coeur comme des ballons? Pourquoi inventons-nous des robots alors que nous devrions inventer des cloches à souvenirs, des attrape-émotions, des filets bien serrés pour préserver ces petits riens qui tressent une vie? En attendant, je suppose, il nous reste les livres pour nous rappeler qui nous étions...