'Enchanté par l'orage, torse nu, souriant, il offrait au regard de Rémi un fin dessin fragile, une ombre serpentine incrustée sur son dos, le lézardant du cou à la naissance des reins.'
Rémi est silencieux, perdu dans une campagne limousine qui se vide. Il est à la recherche de l'ange aperçu un jour après une chute. Gabriel est un garçon de la bourgeoisie parisienne. Lui court après la parole, celle de ses parents brutalement disparus. Il cherche à les entendre encore. Il sera l'ange.
Ce récit ciselé et charnel, à la frontière du réel, est porté par une grâce à couper le souffle.
Voici une célébration à deux voix de la lecture. A partir de l'expérience de lecture d'À la recherche du temps perdu qu'ont des femmes et des hommes aussi divers qu'un paysan des Cévennes, un fleuriste d'origine kabyle, un vigile de la banlieue parisienne, une cousine éloignée de Karl Marx, une cavalière qui lit sur un cheval en Mongolie ou un professeur de français, les deux auteurs construisent cet objet littéraire non identifié, dont les narrateurs ne changent que pour mieux dire leur passion d'ouvrir un livre et d'y plonger.
Nul besoin d'avoir lu Proust pour suivre les fils déroulés dans ces pages à coups de digressions, de jeux, de rêves, de fictions, brouillant les pistes du je, du nous, du genre... À la lecture célèbre, sur tous les tons, la présence et la permanence du livre dans les vies des lecteurs, vies quotidiennes, amoureuses, amicales, politiques, rêvées, voyageuses...